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La perluète
11 février 2016

La giguedouille

01_Awinion_2015_Basia

 

Avant de mordre la poussière

avant de brouter la racine

des pissenlits qui est amère

je veux encor sucrer les fraises

et semer des calembredaines

dans les allées de mon jardin

 

Tant que mes poules auront des dents

j’irai chatouiller l’air du temps

sous l’aile des coquecigrues

qui me content monts et merveilles

 

Je ne suis pas de ces grenouilles

qui couvent dans les bénitiers

Gober des œufs pour l’au-delà

ne me tente pas plus que ça

 

De mes chats gris de mes chagrins

je me lave chaque matin

nouant avec un arc en ciel

le bouquet de mes ritournelles

 

Avant  que mes rêves ne rouillent

je veux danser la giguedouille

et savourer avec tendresse

le pain bénit de ma vieillesse

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Commentaires
J
Ce poème en octosyllabes, de forme libre, composé d'un sizain et de quatre quatrains, comprend 14 vers rimés (rimes suivies et croisées, suffisantes et pauvres).<br /> <br /> <br /> <br /> Évoquant la perspective de sa propre mort (expression courante : "brouter la racine des pissenlits"), la poétesse, vieillissante, est loin de sombrer dans l'abattement (détournement du sens figuré d'une expression vers son sens propre : "sucrer les fraises", jeu d'assonances avec mise en apposition du complément d'objet indirect : "De mes chats gris de mes chagrins / je me lave").<br /> <br /> <br /> <br /> Portant sur ses écrits un regard teinté d'auto-dérision (terme péjoratif : "semer des calembredaines", métaphore dépréciative : "sous l'aile des coquecigrues", expression hyperbolique : "monts et merveilles"), elle s'accommode, en épicurienne, de ce que la vie lui offre journellement (complément de temps : "chaque matin", participiale agrémentée d'une métaphore sensuelle : "nouant avec un arc-en-ciel/le bouquet de mes ritournelles").<br /> <br /> <br /> <br /> Ce carpe diem (allégorie : "chatouiller l'air du temps", modalisation : "je veux danser la giguedouille et savourer avec tendresse", subordonnées de temps instituant une limite : "Avant de mordre la poussière", "Avant que mes rêves ne rouillent", métaphore laudative : "le pain bénit de ma vieillesse") est celui d'une femme proche de la nature (lexique : "les allées de mon jardin", "pondent", "couvent", "oeufs", "mes chats", détournement comique d'une expression courante : "quand mes poules auront des dents") qui ne s'encombre pas de préoccupations chimériques (jeu de mots assorti d'un démonstratif sur les "grenouilles de bénitiers", litote : "Gober... pour l'au-delà / ne me tente pas plus que ça").<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour ce partage !
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A
C'est précisément ce que je me souhaite, Billets Durs, mourir de mon vivant tout en dansant la giguedouille !
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B
C'est très beau.<br /> <br /> Pourtant, moi, je n'ai pas envie de devenir grabataire.<br /> <br /> Je préfèrerais mourrir de mon vivant.<br /> <br /> Bonne journée.
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J
Savoure, savoure gente dame, ta tendre gourmandise pour la vie nous donne des leçons, et pas seulement des leçons de poésie.<br /> <br /> Polixène
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