La poussière des greniers
Norman Rockwell (1937)
Dans la poussière des greniers
flottent les ailes repliées
de secrets remous suspendus
au bruissement des éventails
sous les roues de chevaux de bois
dont les rats ont mangé les crins
traînent quelques billes vernies
qui leur font un joli crottin
le mannequin s’est fait tisser
un châle par les araignées
la brise l’invite à danser sous une lucarne étoilée
la momie d’une musaraigne
au fond d’un pot de porcelaine
sèche sur un confiturier
l’album froissé d’ un vieux chagrin
serré d’un ruban de satin
pleure son encre violette
qui peu à peu s’est embrunie
Si la poussière des greniers
voile les rais de la lumière
d’une guipure centenaire qu’un souffle suffit à moirer
elle fleure le cuir moisi
des bibles lues par la vermine
comme les livres de cuisine
dont se régalaient nos grand-mères