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La perluète
29 octobre 2014

J’ai gardé le goût du pain blanc

 

 

le%20gout%20du%20pain

 

 

Il y a beau temps, belle lurette

je comptais mon âge en printemps ;

de mes festins tombés en miettes

j’ai gardé le goût du pain blanc.

 

 

Hardie, prenant le mors aux dents

entre galops et galipettes

sous mes sabots giclait le vent

il ya beau temps, belle lurette.

 

 

J’étais la muse d’un poète

main dans la main, tendres, confiants,

nous musardions à l’aveuglette,

je  comptais mon âge en printemps.

 

 

Nous ne savions pas qu’au tournant,

au coin d’un bois le sort nous guette,

je lui ai laissé le croquant

de mes festins tombés en miettes.

 

 

Depuis je vais, je viens, quiète,

ainsi qu’un merle sifflotant,

séduite par une violette

j’ai gardé le goût du pain blanc,

 

 

celui  des mots s’entrechoquant,

qu’ils soient vins de fête ou piquette,

autour d’un flacon gouleyant ;

entre amis d’une même quête

il fait beau temps.

 

 

 

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Commentaires
A
Merci jfmoods d'être venu t'asseoir à ma table. <br /> <br /> Partager ses mots avec toi est toujours un régal et transforme le moindre plat en un festin renouvelé.
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J
Hormis le tétrasyllabe du dernier vers, le poème, composé de cinq quatrains et d'un quintil, à rimes pauvres, suffisantes et riches, alternant dans chaque strophe l'ordre des féminines et des masculines, est construit en octosyllabes.<br /> <br /> <br /> <br /> Le texte se découpe en deux parties comprenant chacune trois strophes. <br /> <br /> <br /> <br /> Dans la première partie, la locutrice se plonge dans les strates d'un passé lointain : celui de sa jeunesse, d'une époque dorée de l'existence (anaphores : « Il y a beau temps », « je comptais mon âge en printemps », image de la table jadis garnie de mets succulents : « mes festins tombés en miettes »). S'assimilant à une jument pleine de fougue (« Hardie, prenant le mors aux dents », « galops », « sous mes sabots »), la poétesse se projette dans la jeune femme d'alors qui sut s'éprouver dans la plénitude de l'action (signe de l'élasticité du corps : « galipettes », inversion du sujet appuyant sur la vivacité : « giclait le vent »), tout comme dans le calme, l'harmonie d'une vie amoureuse (vers à rythme décroissant : « main dans la main, tendres, confiants ») volontiers vagabonde (« nous musardions à l'aveuglette ») et placée sous l'égide de la poésie (« J'étais la muse d'un poète »).<br /> <br /> <br /> <br /> La seconde partie ouvre une prise de conscience. L'âge mûr (complément de lieu marquant les aléas d'une route métaphorique : « au tournant ») nous confronte à la fuite du temps (passé composé : « je lui ai laissé le croquant », anaphore : « de mes festins tombés en miettes »), à la fragilité de notre condition (présent de vérité générale : « au coin d'un bois le sort nous guette »). Cependant, ce constat n'entame en rien la résolution de profiter de tout ce que la vie a encore à offrir (anaphore : « j'ai gardé le goût du pain blanc », image de l'activité incessante : « je vais, je viens »), sans se laisser dévorer par l'anticipation du grand départ (adjectif qualificatif assorti d'une diérèse : « quiète », comparaison : « ainsi qu'un merle sifflotant »). Tant qu'il y aura des occasions de partager, avec l'entourage proche (image d'une complicité : « amis d'une même quête », assimilation de l'échange verbal à des verres avec lesquels on trinque : « des mots s'entrechoquant », assimilation de la bonne bouteille à une conversation riche : « autour d'un flacon gouleyant », jeu de contraste : « Il y a beau temps » / « il fait beau temps »), les événements importants, gais ou tristes, du quotidien (« vins de fête ou piquette »), tout sera à vivre intensément. <br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour ce partage !
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C
De Muse, tu as viré poète... et les moineaux te suivent toujours :les miettes qui tombent de chez toi sont un régal !
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S
Je retrouve ici un thème des plus évoqués depuis la nuit des temps, celui de la fuite du même ; dans ce poème, j'apprécie le côté désinvolte, espiègle, ce côté "pied-de-nez" au sérieux. <br /> <br /> <br /> <br /> "Je comptais mon âge en rintemps", dit la narratrice, mais elle se refuse à avouer désormais utiliser une autre saison... Le croquant des festins s'est réduit en miettes, mais elles sont là et bien là, toujours porteuses de la saveur du pain blanc ! Bref, je trouve que ce poème garde un équilibre délicat mais affirmé entre le tragique assumé de la condition humaine et sa douceur malgré tout prégnante...
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A
Merci ma Pimpette pour ton passage et tes mots encourageants. Ce texte, que je t'offre avec plaisir, est construit sur le modèle d'un rondeau redoublé ... évidemment pas parfait (tu connais mon irrespect pour les formes fixes !) mais je trouvais qu'il se prêtait bien à une sorte de présentation de l'artisse.
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