J’ai gardé le goût du pain blanc
Il y a beau temps, belle lurette
je comptais mon âge en printemps ;
de mes festins tombés en miettes
j’ai gardé le goût du pain blanc.
Hardie, prenant le mors aux dents
entre galops et galipettes
sous mes sabots giclait le vent
il ya beau temps, belle lurette.
J’étais la muse d’un poète
main dans la main, tendres, confiants,
nous musardions à l’aveuglette,
je comptais mon âge en printemps.
Nous ne savions pas qu’au tournant,
au coin d’un bois le sort nous guette,
je lui ai laissé le croquant
de mes festins tombés en miettes.
Depuis je vais, je viens, quiète,
ainsi qu’un merle sifflotant,
séduite par une violette
j’ai gardé le goût du pain blanc,
celui des mots s’entrechoquant,
qu’ils soient vins de fête ou piquette,
autour d’un flacon gouleyant ;
entre amis d’une même quête
il fait beau temps.